Page 73 - II - LAZARE
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LAZARE
l’avait profondément troublée.
Depuis ces vingt-cinq ans, Judith ne croyait plus à la possibilité de
retrouver un jour Meredith. Bien sûr, elle n’avait jamais cessé de penser
à elle. Il n’y avait pas eu un jour depuis, où ses pensées ne se soient
pas tournées vers sa sœur. Mais Judith avait fini par accepter le fait que
l’on ne puisse jamais savoir ce qui s’était passé ce soir-là.
Ce jour où tout avait basculé.
Judith écrasa sa cigarette dans le cendrier posé sur le rebord de
la fenêtre au moment où la sonnerie de son téléphone fixe retentit.
Elle décrocha.
C’était l’inspecteur général Martial. Et à en juger par le ton de sa
voix, la conversation n’allait pas être aussi fluide que la précédente.
- J’ai pris connaissance du rapport de 1991 que vous m’avez faxé.
Judith ne dit rien et attendit qu’il poursuive.
- Vous m’aviez dissimulé l’identité de la jeune fille disparue à
l’époque.
- Je me suis dit que comme j’allais vous faxer le dossier, vous
finiriez bien par l’apprendre de vous-même.
Silence.
- Monsieur l’inspecteur général, ajouta la commissaire. Cette
affaire est tombée sous la juridiction de la Division Criminelle de par
l’ancienneté des faits, et le rapport avec la disparition non élucidée de
trois autres jeunes filles. Mon équipe et moi avons l’intention de la traiter
en tant que telle, c’est-à-dire comme une affaire ordinaire.
- Permettez-moi d’en douter, commissaire. Les membres de votre
équipe ont peut-être l’intention de traiter cette enquête telle quelle, mais
je ne suis pas certain que ce soit votre cas.
La commissaire se tut.
- Je suis désolé commissaire, mais dans ces conditions, je ne peux
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