Page 46 - III - Voyage sans retour
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VOYAGE SANS RETOUR
Judith était heureuse de voir que Lydia avait su rebondir et prendre
ses marques après toutes les épreuves qu’elle avait traversées. Mais il
n’y avait pas de hasard. Elles avaient le même sang. La détermination
dont Lydia faisait preuve montrait bien qu’elles étaient de la même
famille. Judith reconnaissait certains traits de son caractère dans la
personnalité de Lydia. Sur plusieurs aspects, elles étaient le reflet l’une
de l’autre. Et en six mois, elles avaient tout fait pour combler les années
qui leur avaient été volées. Bien évidemment, il était impossible de faire
marche arrière et de remonter le temps, mais Judith et Lydia avaient
bien l’intention de rattraper le temps perdu. En tout cas, Lydia semblait
croquer la vie à pleines dents depuis qu’elle s’était installée à Limoges.
Judith prenait régulièrement de ses nouvelles. Quant à Lydia, elle
préférait surtout sortir la nuit. Ce n’était vraiment pas le genre à rester
enfermée chez elle, à se vautrer devant la télé tout en mangeant des
chips et du pop-corn. Elle passait bon nombre de ses soirées dans les
bars du centre-ville. Judith avait de bonnes raisons de penser que Lydia
ne passait pas seule ses soirées, comme elle le prétendait. Il y avait un
homme derrière toute cette joie de vivre, et ces sorties répétitives.
Cependant, Lydia restait extrêmement évasive sur le sujet. Elle refusait
de lui dévoiler le moindre détail, et cela ne faisait qu’ajouter à la
suspicion de Judith. Mais elle n’était pas inquiète. Elle-même aurait
sans doute adopté le même comportement à la place de Lydia.
Aujourd’hui, Judith se trouvait de nouveau dans les locaux de la
Division Criminelle de Limoges, dans le bureau de l’inspecteur général
Frédéric Martial. Depuis que l’affaire des disparitions de 1991 avait été
classée, l’inspecteur général avait interdit à la commissaire de revenir
travailler à la DC tant que sa rééducation ne serait pas terminée.
Désormais, Judith se trouvait de nouveau face à l’inspecteur
général Martial, après avoir tenté deux fois de le convaincre de la
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