Page 67 - VI - Les Exilés
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LES EXILÉS







            BERLIN OUEST
            Salle des interrogatoires


            On le fit descendre de force dans un sous-sol humide et sombre. Seule
            une  ampoule qui  pendait  au plafond faisait office d’éclairage.  Des
            paires de mains sur ses épaules le forcèrent à s’asseoir sur une chaise
            bancale. On lui attacha les mains dans le dos, puis le sac en tissu sur
            sa tête fut retiré. Il put de nouveau respirer normalement.
                Quand  le  garde  entra  dans  son  champ  de  vision,  vêtu  d’un
            uniforme  noir, et  portant  des bottes cirées,  il sut pourquoi  on l’avait
            amené ici. Son regard se figea sur la croix gammée ornant le brassard.
            Même sans regarder derrière lui,  il savait que  deux autres officiers
            gardaient la seule  porte  offrant l’accès à cette pièce. Le garde
            commença à lui tourner autour, gardant les mains jointes dans son dos.
            Avec un air grave, il l’examinait sous toutes les coutures. Après un long
            silence pesant, il sortit de sa poche les papiers d’identité confisqués à
            ce jeune français. Résidant en Allemagne depuis le début de la guerre,
            il avait eu l’occasion d’apprivoiser la langue, et cela lui permit de suivre
            sans trop de difficultés cet entretien.
                Le garde se  plaça devant lui  et  le fixa intensément. Ses  yeux
            passèrent de son visage  à la photo en noir et blanc  sur sa carte
            d’identité.
                - Armand Carfantan ? demanda le garde.



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