Page 69 - III - Voyage sans retour

VOYAGE SANS RETOUR

Elle ouvrit la fenêtre et souffla la fumée de la cigarette dehors.
Thomas vint s’asseoir de l’autre côté de la table avec deux gobelets.
- Tiens, et il y a intérêt à ce que ça ne devienne pas une habitude…
Je plaisante, bien sûr, s’empressa-t-il d’ajouter.
- Je vois que l’humour de monsieur bat son plein.
- D’une certaine manière, j’inaugure le fait que la commissaire
Judith Bouchard reprenne un service bien mérité, après six longs mois
d’inactivité qui furent ponctués par une rééducation épuisante.
Judith remua son café sans rien dire. Avant de porter le gobelet à
ses lèvres, elle dit :
- Finalement, si toutes tes blagues se justifient par un évènement
à fêter, il se pourrait bien que je commence à les apprécier.
Ils burent quelques gorgées de café.
- Comme dit Bastien, c’est vraiment une sale histoire, cet accident
sur le pont, fit Thomas.
- Je suis bien d’accord. Tu te rends compte qu’Olivier n’avait que
seize ans ? Comment ses parents vont-ils réagir en apprenant que leur
fils est décédé alors qu’il se rendait très certainement en cours ?
Elle s’arrêta en lançant un regard furtif en direction du pont.
- Personne n’est vraiment à l’abri de rien.
Thomas hocha la tête.
- C’est ça le plus difficile dans notre métier. On a tous conscience
que l’on ne pourra jamais s’habituer à voir mourir des enfants ou des
ados.
- Ce que je ne comprends pas, c’est que si cet homme poignardé
n’était pas le conducteur… Pourquoi est-ce que celui qui était au volant
n’a pas cherché à freiner pour éviter la chute par-dessus le pont ?
- Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui prouve que le
vrai conducteur soit encore en vie. Il a peut-être été poignardé comme

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