Page 82 - I - Le Complot et la Sixième Extinction
P. 82

LE COMPLOT ET LA SIXIÈME EXTINCTION


            hauteur  de  la  tâche  qui  leur  incombait,  c’est-à-dire  de  s’occuper
            d’Aurore comme de leur propre fille. Ils s’étaient montrés parfaitement
            de taille à assumer cette charge.
                Mais ce qu’Aurore avait vécu pendant toute son enfance n’était
            qu’une des nombreuses facettes de son existence. Une facette qu’elle
            voulait supprimer. La vie et les choix qu’elle avait faits l’avaient conduit
            ici, aujourd’hui.
                D’un geste expert, Aurore tourna la clé deux fois dans la serrure.
                L’intérieur de la maison était resté exactement tel qu’il était lors de
            son départ un an plus tôt, après l’accident.
                Elle se dirigea vers la cuisine en passant par le salon.
                Aurore resta un moment sur le pas de la porte sans bouger. Elle
            sentit  l’odeur encore présente  du  parfum de Marie-Joe, comme s’il
            s’était incrusté dans les murs après toutes ces années. L’odeur qui
            l’accueillait à chaque fois qu’elle se jetait dans ses bras à la sortie de
            l’école,  la même odeur qui l’avait accompagnée chaque matin au
            collège, puis au lycée.
                En y repensant… Elle n’était pas toute seule. Aurore n’était pas
            toute seule à se jeter dans les bras de Marie-Joe à la sortie de l’école.
            Il y avait quelqu’un d’autre. Quelqu’un qu’elle s’était forcée d’oublier au
            fil du temps.
                Sa sœur. Mélissa Martier.
                Sa  chère  sœur qui lui avait causé tant de  problèmes
            dernièrement.
                Aurore  secoua  la  tête  de  gauche  à  droite  pour  chasser  ces
            pensées en rapport avec  Mélissa.  Elle aussi,  elle faisait désormais
            partie de son ancienne vie, et elle devait  l’oublier.  Cacher tous ces
            souvenirs quelque part. Les enfermer dans une pièce dans l’obscurité
            de son inconscient, et ensuite jeter la clé aux oubliettes.



                                          78
   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87