Page 81 - I - Le Complot et la Sixième Extinction
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LE COMPLOT ET LA SIXIÈME EXTINCTION


            Elle enjamba la rambarde en métal, et s’assura qu’aucune voiture
            n’allait la surprendre en franchissant le virage avant de s’engager dans
            l’allée de graviers.
                Cela faisait une éternité qu’Aurore n’était pas venue ici. La vue de
            la balançoire et du vieux toboggan dans le jardin lui rappela la belle
            époque où elle était à l’école primaire. À cette époque, elle n’avait pas
            de contraintes, les problèmes qui étaient les siens se résumaient alors
            à savoir qui elle allait inviter chez elle pour fêter son anniversaire.
                En passant devant le toboggan et les deux balançoires, Aurore
            Sanchez constata que le bois était complètement pourri. Il était couvert
            de mousse et menaçait de céder au premier coup de vent.
                « Les marques du temps », se dit-elle.
                Elle se remémora toutes  les fois où elle avait gravi  la petite
            échelle faite avec des cordes multicolores entrelacées. En tout cas, ce
            n’était  pas maintenant,  avec son mètre soixante-dix, et  ses
            soixante-cinq kilos qu’elle allait se risquer à monter dessus.
                Aurore était venue ici pour commencer une nouvelle vie, et pas
            pour se souvenir de l’ancienne. Tout ce qu’il y avait ici faisait partie de
            son ancienne  vie. Ce n’était pas le moment de faire de sentiments,
            mais le  moment d’être forte. Elle avait plus que jamais besoin de
            courage.
                C’est en gravissant les petites marches de la terrasse qu’Aurore
            se rendit compte qu’elle avait très bien fait de conserver un double des
            clés de la maison de ses parents.
                Mais pouvait-elle  vraiment les considérer comme ses parents ?
            Non. Bernard et Marie-Joe étaient ses parents adoptifs. Bien qu’elle
            n’ait jamais connu ses parents biologiques, à ses  yeux, ces deux
            personnes restaient des étrangers.
                Non pas que Bernard et Marie-Joe ne se soient pas montrés à la



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