Page 18 - 1 - Jamais rien pour personne
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JAMAIS RIEN POUR PERSONNE


            bascula.  Les lampes  du plafond  clignotèrent momentanément.
            Des éclairs  aveuglants  déchirèrent le  ciel nocturne. Une peur
            qu’Eva n’avait jamais ressentie auparavant la paralysa. Le visage
            de la personne qui lui faisait face se métamorphosa soudainement.
            Ses traits s’étaient déformés sous l’effet d’une rage indicible. Sa
            respiration était forte, rauque, presque animale. La métamorphose
            de ses traits semblait augmenter avec la force des éléments. Eva
            vit la rage dans ses yeux noirs. Elle prit un coupe-papier sur le
            bureau et le brandit devant elle pour tenter de se défendre, mais
            l’arme fut retournée contre elle, par un adversaire aux forces
            décuplées, et elle se retrouva frappée au niveau de l’abdomen.
            Eva sentit la douleur  irradier  dans son ventre.  Les coups
            s’enchainèrent, encore et encore, sans interruption. Le sang gicla
            abondamment des blessures.  Le tueur s’acharna jusqu’à lui
            déchirer le ventre mettant alors ses organes à jour. Sa rage déferla
            comme autant de vagues tempétueuses.
                Le calme revint dans la pièce et l’orage passa au-dessus de la
            ville ramenant également le calme parmi les éléments.


            Il était à peine 6 heures du matin. Les bureaux de l’entreprise
            Dassigny  & Fils étaient tous déserts.  Les lieux s’apprêtaient à
            reprendre vie, et une nouvelle journée de travail s’annonçait pour
            Rosa Silva. En tant qu’agent chargé de l’entretien des locaux, son
            travail avait tendance à l’épuiser physiquement. C’était une
            sensation qu’elle avait commencée à ressentir à l’approche de la
            quarantaine. Maintenant qu’elle avait dépassé les cinquante ans,
            son dos la faisait très rapidement souffrir. Par moments, la douleur
            était telle que Rosa était contrainte d’interrompre son activité
            pour souffler un peu. Depuis toutes ces années, le métier n’avait


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