Page 56 - V - La Milice
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LA MILICE


            réellement, et tous les bons moments passés avec Sacha durant le
            sevrage.
                Loëvan  se  rapprocha  de  l’une  des  grandes  fenêtres.  Son
            appartement était situé  au troisième et dernier  étage d’un  grand
            bâtiment à cinq minutes de marche du carrefour Central. Il admira la
            circulation sur la grande avenue en contrebas. Son regard vint se poser
            sur son reflet dans la grande fenêtre. Loëvan s’était laissé pousser les
            cheveux.  Mi-longs avec  des mèches effilées.  Une grande frange
            ramenée vers la droite lui balayait le front. Ses yeux étaient cernés. La
            disparition de Sacha l’affaiblissait de jour en jour.
                Loëvan prit un couteau à viande posé sur le rebord de l’une des
            fenêtres. Il caressa la lame de ses doigts. Ils avaient tous acquis la
            certitude qu’il avait été enlevé par la Milice clandestine formée par tous
            les Sevrés depuis la création de l’Organisation. Malheureusement, leur
            repaire n’avait jamais pu  être découvert… Et personne ne savait si
            Sacha était encore en vie. Loëvan aurait tant voulu agir.
                Il s’approcha du grand mur blanc du salon et caressa le crépi blanc
            du plat de la main. Pris par ses pensées qui tournaient et retournaient
            sans cesse dans sa tête, Loëvan gratta la surface du mur avec la lame
            du couteau. Aujourd’hui, cela faisait deux ans, jour pour jour que Sacha
            avait été enlevé sous ses yeux. Deux ans. Mais, malgré tout, au plus
            profond de lui,  son moral n’en était pas pour autant affaibli. C’était
            durant la nuit que Loëvan parvenait à ressentir le Lien qui l’unissait à
            Sacha. Cela lui faisait espérer qu’il était encore en vie. Il n’avait pas
            besoin d’avoir d’autres certitudes que celle-ci.
                Loëvan se recula et regarda le mur. Depuis deux ans, à chaque
            jour passé, il traçait une petite barre verticale sur ce mur. Au-dessus de
            tout ce champ de griffures faites au couteau, on pouvait lire :




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