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JAMAIS RIEN POUR PERSONNE
L
es coups s’enchainaient. Mère frappait Père de plus en
plus souvent. Il s’attachait pourtant à réaliser toutes les
tâches ménagères dans la maison, mais cela ne suffisait
plus. Mère trouvait toujours quelque chose à redire. Un soir d’été,
avant d’éteindre les lumières et de dire bonne nuit aux filles, Mère
avait confié à Dany et à Josy qu’elle aimait bel et bien Père. Si
elle se montrait si sévère avec lui, ce n’était pas par pure
méchanceté, mais parce qu’il en était ainsi. Les hommes étaient
inconséquents et méritaient qu’on leur inflige un tel traitement.
Ils devaient comprendre que seules les femmes avaient cette
capacité de pouvoir gérer la famille. Si une femme ne se montrait
pas sévère dans son couple, tôt ou tard, l’homme prendrait le
dessus et tout partirait de travers. Mère savait comment cela
fonctionnait. Il ne pouvait pas en être autrement.
- C’est le juste cours des choses, disait Mère.
Ces paroles restèrent gravées dans la mémoire des jumelles.
Et puis ce fut le jour de l’accident. Grand-mère et grand-père
avaient débarqué à la maison, complètement paniqués. Mère et
Père avaient eu un accident de voiture. Mère était dans un état
critique, alors que le pronostic vital de Père n’était pas engagé.
Les jumelles habitèrent avec leurs grands-parents pendant
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